BIENNALE DE VENISE: DE L'ART… ET DES ARCHéTYPES

La galeriste superstar

Soixantenaire en full look d’un créateur japonais, cachée derrière ses lunettes fumées, la galeriste superstar vient défendre ses poulains conceptuels aux quatre coins de Venise. Adepte du Riva et au fait des chemins tortueux de la Sérénissime, elle se déplace en compensées de corde, enquillant dès potron-­minet les cafés à la terrasse de l’auberge Leon Bianco, du côté de l’Arsenal. Son pavillon préféré, cette année, est celui des Émirats arabes unis, où elle projette d’ouvrir une antenne contemporaine de sa vénérable galerie.

Le néophyte en goguette

Débarqué le matin même à la gare Santa Lucia, le néophyte désargenté a traversé la ville à pied pour se faire confisquer son pique-nique à l’entrée des Giardini. Qu’importe : vivant pour et par l’art, ce trentenaire n’a pas son pareil pour gratter des gratuités et picorer à l’œil dans les cocktails associatifs du off de la Biennale, avant de regagner, tous ses sens repus, le dortoir d’une auberge de jeunesse. Son pavillon préféré : celui de l’Autriche, pour le travail autour de la non-violence de l’artiste russe Anna Jermolaewa.

La critique d’art désabusée

Grande spécialiste de Carlo Scarpa, la critique d’art hésite de plus en plus entre suspicion et enthousiasme face à l’extension sans fin de la Biennale. Crayon et carnet de notes en main, elle noircit les pages en jetant des coups d’œil ombrageux sur les influenceurs culturels, se demandant s’ils relèvent de la menace ou de la performance postmoderne involontaire. Elle n’oublie pas de déposer çà et là quelques numéros de sa revue comportant son dernier édito. Son pavillon préféré ? Celui de l’Éthiopie, présente (avec le peintre Tesfaye Urgessa) pour la première fois : une bouffée d’air frais.

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Le collectionneur tape -à-l’œil

Pour lui, c’est une première. Chaussé de furlanes – les traditionnels chaussons vénitiens – et tout de lin vêtu, il espérait débarquer en gondole, ce que son art advisor personnel lui a fortement déconseillé. Accablé de chaleur, il joue quand même le jeu tout en rêvant de rejoindre au plus vite sa suite climatisée, non sans passer avant par une séance de shopping de luxe derrière la place Saint-Marc. Si aucun artiste engagé n’a rejoint sa collection, il a quand même trouvé son pavillon préféré : le bar du Cipriani.

L’artiste officiel

Arrivé en ville avec la délégation ministérielle, logé (dans un trois-étoiles) au frais du contribuable, l’artiste officiel est secrètement déchiré entre sa liberté créative et ses obligations politiques. Les angoisses existentielles cachées derrière son sourire ne l’empêchent pas pour autant de se montrer prolixe sur sa vision, évidemment inquiète, de l’état du monde, à laquelle il répond par une installation aussi immersive que hautement écoresponsable. Son pavillon préféré ? Le sien, même s’il jalouse l’éclairage plus soigné de certains de ses concurrents.

Le créateur de mode

À la recherche d’idées fraîches en matière de collabs arty, le créateur de mode s’est invité avec les fidèles du studio pour un séjour tenant autant de l’inspiration que du team building. Musardant en groupe, il fait shooter à l’iPhone un moodboard où les œuvres du collectif belge Petticoat Government voisinent avec celles du premier pavillon béninois, et s’interroge sur la possibilité de transformer l’emplacement russe désaffecté en pop-up expérientiel. Son pavillon préféré : celui de la Grande-Bretagne, soutenu par Burberry. Et bien sûr la Fondation Prada.

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