CHRONIQUES DE LA BYRSA: UNE HORLOGE POUR S’ORIENTER ?

Je vous parle d’un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître. Celui des rendez-vous sous la Cortébert.

La Cortébert se situait à l’angle de l’actuelle rue Jamel-Abdennacer (alors rue es-Sadikia) et de l’avenue de France donnant sur la place de l’Indépendance. Il ne s’agissait pas d’espace commercial ou de loisirs mais d’un bout de trottoir sur lequel avait été installée une horloge au cadran de forme circulaire, juchée au sommet d’une hampe haute de pas plus de trois mètres environ. Cette horloge sortait d’une usine suisse (évidemment !) implantée dans la commune de Cortébert, dans le canton de Berne. Elle se situait à la confluence de voies très passantes face à un centre culturel américain aujourd’hui disparu qui drainait une population lycéenne et estudiantine qui n’a sans doute pas peu contribué à en faire un repère pour toutes sortes de rencontres.

La Cortébert a disparu (allez savoir pourquoi ?) au milieu des années 60 du siècle dernier. Mais elle a tellement marqué les esprits qu’après le déboulonnage de la statue équestre du président Bourguiba au milieu de l’avenue de même appellation, on s’est empressé de remplacer ce monument par une tour bardée de quatre horloges qui, à leur tour, ont fait des petits dans tout le pays !

Lorsqu’on se rend dans certains quartiers on s’engage dans un véritable maquis où tout se ressemble

Les repères, dans une agglomération, c’est très important. Ils contribuent à la rationalisation et à la fluidité de la communication et de la circulation dans l’espace urbain. Et comme repères, on peut citer les gares, les immeubles aux signes distinctifs, les monuments, les places publiques, les lieux de culte, etc. Or, depuis qu’on s’est mis dans notre pays à élargir les périmètres urbains par l’adjonction de « cités » à n’en plus finir, on a complètement négligé cet aspect de l’aménagement urbain. Résultat, lorsqu’on se rend dans certains de ces quartiers qu’on ne saurait désigner autrement que par l’appellation de cités dortoirs, on s’engage dans un véritable maquis où tout se ressemble, bâti et voies de communication, au point d’en être complètement déboussolé. Pas même la moindre « Cortébert ».

Il est cependant une commune qui, elle, s’est distinguée par la profusion de tels repères. Je parle du Kram. Au cours de la dernière mandature, elle a multiplié l’érection de « monuments » et l’aménagement de squares, carrefours et terrains de jeu. Certaines de ces réalisations prêtent à sourire par leur naïveté ou leur kitch ; d’autres soulèveraient plutôt la réprobation de par leurs visées idéologiques, partisanes ou même quelque peu autocratique. Mais si le citoyen n’y gagne pas à tous les coups en matière d’utilité ou sur le plan esthétique, du moins dispose-t-il d’un surcroît de repères hors les gares ferroviaires et les bâtiments officiels. Ce dont ne peuvent pas se prévaloir la plupart de ses homologues de la banlieue nord. Plus particulièrement les Carthaginois.

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